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que lorsqu’il est rempli par l’impulsion du sang chassé par les oreillettes. C’est ce que montrent aussi avec toute évidence les vivisections.

Ainsi ces savants n’ont pas vu la différence qui existe entre le relâchement du cœur et des artères et la dis tension ou diastole ; ils n’ont pas compris que la cause de la distension et du relâchement n’est pas la même que celle de la contraction, mais que, les effets étant contraires, les mouvements étant différents, la systole et la diastole n’ont pas une même cause.

Tous les anatomistes savent bien que dans chaque membre, pour l’extension et l’adduction, il y a des muscles antagonistes. Ainsi la nature a, pour des mouvements distincts et contraires, dû nécessairement créer des organes distincts et contraires.

Je ne crois pas non plus que la cause efficiente du pouls qu’il admet, avec Aristote, être la même pour la systole que pour la diastole, soit l’effervescence et comme l’ébullition du sang. En effet les mouvements du cœur sont des coups subits et des ébranlements instantanés, tandis que dans la fermentation ou l’ébullition, il n’y a rien qui s’élève et surgisse en un clin d’œil : elle monte lentement et se déprime peu à peu. Enfin dans les vivisections on peut voir que les ventricules du cœur sont distendus et remplis par la contraction des oreillettes, et augmentent selon qu’ils se remplissent plus ou moins de sang. La distension du cœur est un choc violent produit par une impulsion, non par une attraction de liquide.

De même certains auteurs pensent que, pour nourrir les plantes, l’aliment n’a pas besoin d’impulsion, mais est attiré dans toutes les parties qui ont besoin de nourriture, que par conséquent chez les animaux l’impulsion n’est pas nécessaire, puisque la vie végétative semble