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Donc il est rationnel de penser que le sang, dans le circuit qu’il fait, passe plus lentement dans les reins que dans la substance du cœur, et qu’il traverse avec plus de facilité le foie que les reins, la rate que le foie, les poumons que les muscles ou autres viscères du corps de même consistance.

De même on peut en tenant compte de l’âge, du sexe, de la température, de l’état de mollesse ou de dureté du corps, du froid de l’air ambiant qui condense les parties, expliquer comment tantôt on voit à peine les veines des membres, tantôt on y aperçoit la couleur et la chaleur du sang rendu plus liquide par les aliments ingérés. C’est aussi pourquoi, dans la phlébotomie, le sang jaillit des veines avec plus de force quand le corps est échauffé que quand il est froid. Nous voyons en effet que, dans la phlébotomie, les sentiments de l’âme produisent des syncopes chez les gens craintifs. Le sang s’arrête dans son cours : une pâleur livide se répand sur toute la surface du corps qui est exsangue : les membres deviennent rigides : on entend des sifflements d’oreille : les yeux se voilent et se convulsent. Je trouve là une ample matière à de vastes considérations. Mais la lumière de la vérité éclaire tant de phénomènes, tant de problèmes pourront être résolus, tant de choses douteuses seront comprises, on pourra si bien rechercher les causes des maladies et les moyens de les guérir, qu’il semble nécessaire de traiter à part toutes ces questions, et, dans mes observations médicales, je rapporterai tout ce qui me semblera digne de remarque.

Et qu’est-ce qui mérite plus d’être admiré que les différentes passions, affections, désirs, craintes, espérances, qui affectent notre corps de différentes manières et se traduisent sur le visage par l’afflux ou le départ