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foqué par un violent accès, il succomba. En présence du docteur Argent, qui était alors président du collège des médecins, et du docteur Gorge, théologien et prédicateur excellent, qui était le pasteur de cette paroisse, j’ouvris le cadavre. Le sang ne pouvant s’écouler du ventricule gauche dans les artères, avait brisé et perforé la paroi même du ventricule gauche, qui est cependant, comme nous l’avons vu, assez forte et assez épaisse, et qui laissait alors le sang s’échapper largement : en effet il y avait un trou assez grand pour que j’y pusse facilement mettre un de mes doigts.

J’ai connu un autre individu, qui, ayant reçu une injure et essuyé un affront d’un homme plus puissant que lui, était agité d’une colère et d’une indignation extrêmes : comme sa haine et le désir de se venger croissaient tous les jours et qu’il ne dévoilait à personne la violente passion qui le dévorait, il fut saisi d’un genre de maladie étrange : il avait de cruelles angoisses de poitrine, une oppression considérable et des douleurs dans le cœur. Aucun des remèdes que les plus habiles médecins lui indiquèrent ne réussissant, il finit par contracter, au bout de quelques années, une cachexie scorbutique, dépérit et mourut.

Une seule chose apportait quelque soulagement à son mal : c’était de comprimer vigoureusement tout le thorax, de le presser ou de le faire masser par un homme vigoureux, comme un boulanger pétrit le pain. Ses amis le croyaient atteint d’une affection malfaisante et obsédé par l’esprit malin.

Les artères jugulaires (carotides) étaient dilatées et aussi grandes que le pouce : chacune d’elles paraissait aussi considérable que l’aorte ou la grande artère descendante (aorte abdominale) ; elles étaient animées de bat-