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exception aux lois de la nature : car la dissection n’empêche en rien le sang de sortir ou d’être exprimé du bout central de la veine ; et il importe peu que la nature soit troublée ou non.

Pareillement d’autres auteurs prétendent que si, lors qu’une artère est coupée près du cœur, le sang jaillit aussitôt avec force à chaque pulsation, ce n’est pas une raison pour que, le cœur étant intact et l’artère aussi, le sang jaillisse à chaque pulsation. Cependant il est probable que les mouvements du pouls mettent quelque chose en mouvement, et qu’il ne peut y avoir mouvement du contenant sans mouvement du contenu. Il y a des écrivains qui, pour se refuser et échapper à la circulation, ne craignent pas d’affirmer et de proclamer que les artères sont, sur les animaux qui vivent et qui sont dans leur état normal, tellement pleines qu’elles ne peuvent admettre un seul grain de sang en plus et qu’il en est de même pour les ventricules du cœur. Mais il est hors de doute, puisque nous avons reconnu aux artères comme aux ventricules la faculté de se dilater et de se contracter, qu’elles peuvent recevoir le sang qui y est poussé, et qu’elles doivent en recevoir beaucoup plus que quelques grains. En effet, comme nous l’avons vu dans nos vivisections, si les ventricules sont distendus au point de ne pouvoir plus recevoir de sang, le cœur cesse de battre, demeure distendu et gonflé, et amène la mort par suffocation.

Nous avons suffisamment examiné dans notre ouvrage sur les mouvements du cœur et du sang comment le sang est en mouvement, s’il est attiré ou rejeté, ou s’il se meut par une force innée.

Nous avons suffisamment parlé de l’action, des fonctions, de la dilatation et de la contraction du cœur, et