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coule peu de sang de la partie périphérique, tandis que de l’autre côté, comme d’un siphon, jaillit un jet impétueux de sang pur.

Cette expérience montre d’où vient et où va le sang quand il circule dans les parties. Nous voyons en outre qu’il s’écoule avec rapidité, qu’il est animé d’un mouvement impétueux et qu’il ne coule pas lentement et goutte à goutte. Qu’on n’aille pas chercher un subterfuge en disant que les esprits sont invisibles. Mettons l’orifice du vaisseau dans de l’eau ou dans de l’huile : s’il y avait de l’air, on le verrait monter sous forme de bulles. En effet les mouches, les guêpes et les insectes analogues, plongés et étouffés dans l’huile, émettent en mourant des bulles d’air de leur queue, et il est probable qu’ils respirent par là pendant leur vie.

Tous les animaux plongés et étouffés dans l’eau après y être restés quelque temps rendent, en mourant, des bulles d’air par la bouche et les poumons.

La même expérience montre que, dans les veines, les valvules sont exactement fermées, en sorte que l’air ne peut aller au delà, et le sang bien moins encore. Il est donc évident que le sang ne peut revenir du cœur par les veines, ni en abondance, ni peu à peu et goutte à goutte.

Qu’on n’aille point chercher un argument en disant que, dans ces expériences, la nature est troublée et qu’on agit en dehors des lois naturelles, tandis que les effets seraient différents si le corps était livré à lui même : en effet, quand l’organisme se trouve malade et dans un état anormal, on voit se passer les mêmes phénomènes qu’à l’état de santé. On ne peut donc ni dire ni croire que tant de sang s’écoule de la partie périphérique de la veine par un phénomène anormal et une