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prits qui se trouvent principalement dans les artères et le sang artériel peuvent être regardés comme la puissance qui fait agir le sang, comme l’esprit-de-vin et l’eau-de-vie dans le vin. On peut dire encore qu’il vit en se nourrissant de sa propre substance, comme la flamme vit de l’esprit-de-vin qui brûle.

Donc le sang, même lorsqu’il est le plus animé par les esprits, ne se gonfle pas, ne fermente pas et ne bouillonne pas, de manière à occuper un grand espace (ainsi que le montre clairement l’expérience faite en le mesurant dans des vases) ; mais il est comme le vin : il a, grâce aux esprits, une plus grande puissance : il peut agir et se mouvoir. Voilà comment il faut comprendre l’opinion d’Hippocrate.

Ainsi le sang des artères est le même que celui des veines, quoique plus animé par les esprits et doué d’une force vitale plus grande ; mais ne dites pas qu’il se convertit en une substance éthérée et qu’il devient plus volatil, comme s’il n’y avait que des esprits éthérés et que les corps gazeux seuls pouvaient donner le mouvement. Les esprits, animaux, naturels, vitaux, qui animent les parties solides, à savoir les ligaments et les nerfs de toute espèce, et qui sont contenus dans les replis les plus cachés du corps humain, ne doivent pas être regardés comme des esprits éthérés et des vapeurs de diverses formes.

Quant à ceux qui reconnaissent que les esprits des êtres vivants sont corporels ou d’une consistance éthérée, vaporeuse ou semblable à la flamme, croient-ils que les esprits peuvent aller çà et là et errer comme des êtres distincts sans accompagner le sang ? L’accompagnent-ils dans ses mouvements ? Sont-ils liés intimement à lui ? Peuvent ils abandonner le sang et vivre indépendants de lui ?