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de ce siècle, est sans contredit regardé comme le premier, et son avis seul, qu’il soit favorable ou qu’il condamne, doit avoir plus de prix que l’opinion de tous les autres qui applaudissent ou qui blâment. Or (Enchir., liv. III, chap. viii) il reconnaît la vérité de nos idées sur le cours du sang chez les animaux, et pourtant il combat aussi notre opinion sur la circulation du sang, mais sans en être l’adversaire déclaré et systématique. En effet, il dit (liv. II, chap. xxi) que le sang contenu dans la veine porte ne circule pas comme le sang dans la veine cave (liv. III, chap. vii), que cependant le sang circule et que l’aorte et la veine cave sont des vaisseaux circulatoires. Il pense toutefois que leurs dernières ramifications ne servent pas à la circulation. « En effet, dit-il, le sang répandu dans toutes les parties de la seconde et de la troisième région y reste pour les nourrir, et ne reflue dans les plus gros vaisseaux que s’il y est porté par force, lorsque ces gros vaisseaux manquent complètement de sang, ou encore si sa chaleur et son impétuosité naturelles le poussent dans les gros vaisseaux circulatoires. » Et un peu après il ajoute : « Soit que le sang des veines remonte continuellement et se dirige vers le cœur, soit que le sang des artères descende et s’éloigne du cœur, cependant si les petites veines du bras et de la jambe sont vides, le sang des veines peut descendre et remplir les vides, comme je l’ai clairement démontré, dit-il, contre Harvey et Walæus. » Et, comme Galien, ainsi que le prouvent l’expérience de tous les jours et la nécessité d’un sang qui circule, il confirme l’existence d’anastomoses entre les veines et les artères : « Voilà, dit-il, quelle est, en réalité, la circulation du sang, malgré ceux qui veulent fondre et mélanger les humeurs et détruire la vieille médecine. »