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fibres, et je m’étonnais des variétés considérables qu’on peut observer selon les individus.

Remarquons que chez le fœtus les oreillettes sont relativement bien plus grandes, car leur existence est antérieure à celle du cœur, et, avant qu’il remplisse ses fonctions, ainsi que nous l’avons dit, elles font pour ainsi dire l’office de cœur.

Mais ce que j’ai observé dans la formation du fœtus, ce que j’ai rapporté plus haut et ce qu’Aristote a vu dans l’œuf, tout cela jette sur cette question beaucoup de lumière. Tant que le fœtus est comme un vers mou et pour ainsi dire laiteux, il n’y a qu’un seul point sanguin ou une vésicule pulsative, qui est comme le début de la veine ombilicale dilatée à sa base. Quand les traits du fœtus commencent à se dessiner, et qu’il prend une consistance plus ferme, cette vésicule devient plus charnue et plus vigoureuse, et se transforme, changeant sa constitution, en oreillettes, au-dessous desquelles le cœur commence à croître, mais sans remplir aucun usage dans l’économie. Lorsque le fœtus est formé, que les os se distinguent des muscles, et que l’animal complet commence à se mouvoir dans le sein de sa mère, alors il a aussi un cœur qui commence à battre, et, ainsi que je l’ai dit, les deux ventricules envoient le sang de la veine cave dans l’artère aorte. Ainsi la divine et parfaite nature, ne faisant rien en vain, n’a pas donné de cœur aux animaux qui n’en avaient pas besoin, et ne l’a pas créé avant que ses fonctions n’aient été nécessaires. Passant toujours par les mêmes degrés, chaque animal se forme en traver-