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cœur avec le sang qui y retourne, et de là peut infecter tout le corps. Dans la fièvre tierce, le principe morbide gagne d’abord le cœur, s’arrête ensuite autour du cœur et autour des poumons, et rend les malades essoufflés, haletants et faibles ; car le principe vital est frappé, et le sang s’amasse et s’épaissit dans les poumons, sans pouvoir les traverser. J’en parle par expérience, ayant pu disséquer des sujets morts dès le premier accès. Le pouls est fréquent et petit, quelquefois irrégulier. Mais plus tard la chaleur s’accroît, la matière diminue, les voies deviennent libres, et le sang passe facilement : alors tout le corps s’enflamme ; le pouls devient plus fort et plus violent ; la fièvre est à son paroxysme. Cette chaleur extraordinaire a pris naissance dans le cœur : de là elle se répand par les artères dans tout le corps, avec le principe morbide qui est ainsi éliminé et détruit par la nature.

C’est aussi pourquoi les médicaments appliqués à l’extérieur agissent comme si on les absorbait. La coloquinte et l’aloès relâchent le ventre ; les cantharides excitent la sécrétion des urines ; l’ail appliqué à la plante des pieds fait expectorer ; les cordiaux donnent de la vigueur ; et il y a une infinité d’autres faits de même nature. N’est-il pas raisonnable de dire que les veines absorbent par leurs orifices les substances qu’on applique sur la peau et les introduisent dans le sang, de même que, dans le mésentère, puisant le chyle dans les intestins, elles l’amènent au foie avec le sang ?

Dans le mésentère, le sang va aux intestins par