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du corps, bien loin de la source dont il dérive, il se coagule dès qu’il est immobile (Aristote, De partibus anim., II). C’est le mouvement qui chez tous les animaux engendre et conserve la chaleur et l’esprit vital, qui disparaissent par le repos. C’est pourquoi le sang épaissi et congelé par le refroidissement des extrémités du corps et de l’air ambiant, et privé d’esprits, comme sur un cadavre, doit nécessairement retourner à la source d’où il dérive pour y reprendre la chaleur et l’esprit vital, et y retrouver la vie.

Nous voyons que quelquefois les extrémités des membres sont glacées par le froid extérieur, que le nez, les mains et les joues deviennent livides, comme sur le cadavre. Mais le sang (comme celui des cadavres qui tombe selon les lois de la pesanteur) s’arrête, et les membres, livides, engourdis et difficiles à mouvoir, semblent presque avoir perdu la vie. Certes ils ne pourraient recouvrer si tôt leur chaleur, leur coloration et leur vitalité, s’ils n’étaient réchauffés par un afflux de sang qui apporte la chaleur du foyer central. Comment en effet attireraient-ils le sang, puisque la chaleur et la vie ont presque disparu, puisque les vaisseaux sont resserrés et remplis de sang congelé ? Comment recevraient-ils l’arrivée du sang nutritif, s’ils ne pouvaient renvoyer celui qu’ils contenaient déjà, si en un mot le cœur n’existait pas, ou un principe analogue, où réside la vie et la chaleur (comme le veut Aristote, De respiratione, II), d’où les artères peuvent ramener dans les parties refroidies un sang nouveau, chaud et animé par les esprits ? Le sang refroidi et épuisé est repoussé en avant et