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ture, l’exercice, les passions de l’âme et autres conditions pareilles. Mais, quelque petite que soit la quantité de sang qui passe par le cœur et les poumons, il y en a néanmoins bien trop pour que les aliments ingérés y puissent suffire, à moins que le sang ne revienne par les mêmes trajets.

C’est ce qui fait penser à tous ceux qui ont pratiqué des vivisections qu’il n’est pas besoin d’ouvrir la grande artère aorte, mais n’importe quelle petite artère du corps, même chez l’homme, comme l’a remarqué Galien, pour que tout le sang du corps, des artères, des veines s’épuise en moins d’une demi-heure, et les bouchers peuvent dire qu’après avoir coupé les artères jugulaires d’un bœuf pour le tuer, il faut moins d’un quart d’heure pour que tout le sang s’écoule ; de même dans les amputations et les ablations de tumeurs, tous les vaisseaux se vident par suite de l’abondante hémorrhagie, et nous avons pu voir ce fait.

Si l’on dit que, dans ces deux cas, les veines ouvertes laissent échapper le sang, tout autant, sinon plus que les artères, on n’ébranle pas la force de cet argument, car on affirmerait une chose fausse. En effet par les veines le sang ne s’écoule pas, car il n’y a aucune force qui le chasse en avant ; et la disposition des valvules (comme nous le verrons plus tard) fait qu’une veine ouverte rend très peu de sang, tandis que par les artères le sang s’élance au dehors à plein jet et avec impétuosité, comme d’un siphon. D’ailleurs il est une expérience qui consiste à ouvrir l’artère jugulaire chez le mou-