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passer à travers les poumons, comme le suc alimentaire à travers le foie. Ces gens, je parle avec le poète, dès qu’une chose leur plaît, l’acceptent tout de suite comme vraie ; leur déplaît-elle, elle n’est vraie à aucun prix : craignant d’affirmer lorsqu’il faudrait le faire, ils ne craignent pas d’affirmer lors qu’il faudrait nier.

Le tissu du foie et celui du rein sont beaucoup plus durs et d’une texture bien plus compacte que celui du poumon. Mais accordons aux reins et au foie une texture spongieuse ; pour le foie, il n’y a aucune impulsion, aucune puissance qui le force à être traversé par le sang, tandis que le sang est chassé avec force dans les poumons par la contraction du ventricule droit, qui doit dilater les vaisseaux et faire pénétrer le sang dans les porosités des poumons. En outre, dans la respiration, les poumons s’élèvent et s’abaissent. Nécessairement ce mouvement doit ouvrir et fermer les porosités et les vaisseaux comme une éponge : les organes ayant une constitution spongieuse se resserrent et se dilatent alternativement, tandis que le foie est immobile, et qu’on n’y a jamais vu ces alternatives de dilatation et de resserrement.

Enfin personne ne peut nier que le suc des aliments ingérés passe par le foie dans la veine cave, chez l’homme, chez le bouf et chez les grands animaux. Pour que la nutrition s’opère, il faut que les aliments pénètrent dans les veines et de là dans le foie. On est forcé de l’admettre, car ils ne peuvent passer ailleurs. Pourquoi n’admettrait-on pas avec