Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poumons exigeant une nutrition plus considérable, ils s’oblitèrent, disparaissent et deviennent imperméables. Mais cette opinion est peu vraisemblable et peu raisonnable, et c’est aussi une erreur que de regarder le cœur de l’embryon comme oisif, sans action et sans mouvement, et de penser que la nature, pour nourrir les poumons, a dû créer au sang ces deux passages. Ne voyons-nous pas au contraire, dans les œufs que couve une poule, et sur les embryons arrachés de l’utérus de certains animaux, le cœur se mouvoir comme chez les adultes ? La nature n’avait donc pas besoin de ces anastomoses. D’ailleurs ce mouvement du cœur chez l’embryon, dont nous avons souvent été témoins nous-mêmes, Aristote aussi l’affirme[1]. Il est, dit-il, dans la nature du cœur de battre, dès les premiers commencements de la vie ; on peut s’en rendre compte et par les vivisections et par l’étude des poulets dans l’œuf. Bien plus, nous pouvons voir que ces vaisseaux, tant chez l’homme que chez les autres animaux, sont libres et ouverts, non seulement pendant la vie intra-utérine, mais encore pendant plusieurs mois et même pendant quelques années, pour ne pas dire pendant toute la vie, comme chez l’oie et d’autres oiseaux encore, mais surtout sur les petits animaux. C’est peut-être ce qui a fait penser à Botal qu’il avait découvert une nouvelle communication du sang de la veine cave dans le ventricule gauche ; et j’avouerai que moi-même je l’ai cru aussi, ayant trouvé cette

  1. De respir., lib. III.