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nora l’énigmatique

rêve mauvais. Gris, lugubres, les bâtiments n’avaient rien d’accueillant. L’église même, si elle était comme partout la maison de Dieu, ne paraissait abriter qu’un culte morne. De rares habitants circulaient, silencieux, la tête penchée. Et l’on était en Italie !

— Brr ! dit Édouard. Le soleil n’a pas l’air de les réchauffer beaucoup, ceux-là !

— On ne dirait pas qu’on se trouve si près de Morona et Gerardino ! renchérit le capitaine… Il doit pourtant y avoir un café par ici : ces tristes gaillards ont sans doute besoin de se réchauffer l’intérieur, de temps à autre.

Une maison, guère moins triste que les autres, arborait une enseigne prévenant qu’on y donnait à boire et à manger.

— Entrons-y : c’est dans ces endroits qu’on réussit toujours le mieux à se renseigner, dit le capitaine.

Une salle basse, enfumée, sombre, servait de débit. Quelques tables boiteuses, entourées de chaises peu invitantes, s’alignaient le long des murs. Le patron lavait des verres au comptoir. C’était un énorme gaillard, à la moustache tombante, à l’air renfrogné.

Buon giorno, lui dit Paul Benoît de son air le plus engageant.

Che volete ? répondit l’homme sans aménité.

— Mauvais départ ! murmura Édouard.

Le Capitaine n’insista pas. S’étant attablé avec Édouard et ayant commandé du vin, il s’efforça de reprendre la conversation.