Page:Hartex - Nora l'énigmatique, 1945.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
nora l’énigmatique

Benoît croyez, aujourd’hui… Cette pensée m’est intolérable… je veux dire que je ne puis supporter, même quelques jours, que tu entretiennes des pensées révoltantes à mon sujet… Je suis venue, risquant ce que tu sais, pour te demander de me faire confiance. Quoi qu’il arrive, ne saute pas aux conclusions. Songe que je suis ta Nora, que je t’aime.

Édouard eut un geste découragé.

— Ne parle pas de ça, en ce moment, dit-il.

— Oui, je t’aime, reprit-elle. C’est pourquoi j’ai commis l’imprudence de venir te voir, maintenant… Je compromets peut-être bien des choses, par ce délai… Mais je ne pouvais me faire à l’idée que tu me détesterais…

Il lui prit les mains.

— Enfin, explique-moi. Ne me laisse pas dans cet incertitude.

— Je ne peux pas… Pas tout de suite, répondit-elle… Ne peux-tu me faire confiance ? Le capitaine, je comprends !… Mais, toi !… Mais entre nous, Édouard !… Dis ?… Il faut que je reparte, maintenant. Dis-moi un mot.

Le sergent s’assit, accablé, disant :

— Ah ! je ne sais plus !… Pourquoi ne me laisse-t-on pas tranquille ?… Pourquoi ne sommes-nous pas heureux ?…

Elle s’agenouilla devant lui et lui prit la tête entre ses deux mains.