Page:Hartex - Nora l'énigmatique, 1945.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
nora l’énigmatique

L’homme se lança dans un long récit pour expliquer qu’il avait, quelques années auparavant, emprunté le nom et les papiers d’un cousin afin d’obtenir des secours dans Naples, à cause de certaine réglementation défavorable aux gens venus en ville de la campagne.

— C’était irrégulier, conclut-il, mais, quoi, faut bien vivre.

— Mettons, dit le capitaine… Tu n’es plus à Naples…

— Vrai, je ne m’explique pas que ces papiers aient été encore dans mes poches. Aussi, j’ai toujours horreur de jeter quelque chose.

— Surtout quelque chose qui peut servir à l’occasion. Par exemple, une double identité… Nous examinerons ça plus tard. Dis-moi, pour le moment, pourquoi tu es revenu de Naples, il n’y a pas longtemps.

— Je voulais recommencer à cultiver la terre.

— Juste comme nous arrivions en Italie ?

— Ça s’adonnait comme ça.

— Bon !… On verra !… Dis-moi, puisque tu aimes tant à cultiver la terre, comment se fait-il que tu voyages tant ? On ne voit que toi sur les routes.

— Je vais porter des denrées aux troupes et, comme j’ai une voiture, je me charge de commissions pour les voisins.

À ce moment, l’officier ouvrit un tiroir et en tira un paquet, dont il défit la ficelle et l’enveloppe de papier. Il en sortit de ces longs et minces cigares, tordus et aux bouts coupés, que les Américains nomment stogies. Le capitaine dit à l’homme :