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nora l’énigmatique

— Je l’oublie, ce soir. Va, sans crainte.

— Eh bien, mon capitaine, comme tout le monde, je vous trouve un type épatant…

— Voilà au moins un certificat !

— Oui, mais, pas longtemps après votre arrivée au régiment, vous avez commencé à tourner autour de moi. Je vous trouvais partout, vous ne me laissiez jamais. Je ne peux rien faire sans que vous vous arrangiez pour le savoir et pour venir m’en parler. On croirait que vous me poursuivez ! C’est devenu un cauchemar pour moi. On dirait que vous me couvez ! Je suis un homme !

— Mon vieux ; c’est que je veux te protéger. Je ne te veux que du bien.

— Justement !… Me protéger !… J’ai l’air d’un petit garçon qui ne peut marcher tout seul ! C’est énervant !… Même mes galons… Je commence à croire que je les dois à votre protection, et non à mon mérite…

— Mais, non. Mais, non. Tes chefs avaient reconnu que tu les méritais. Peux-tu m’en vouloir de leur avoir signalé, — supposé que je l’aie fait, — qu’ils tardaient à agir ?

— Non. Mais, enfin, me protéger pourquoi et contre quoi ?

— D’abord, dans l’armée, tu le sais, il est bon d’avoir quelqu’un qui s’intéresse à soi : les petites faveurs viennent plus vite… Et, puis, tu commets des imprudences. Ainsi, ce soir, pourquoi as-tu vu Nora, après ce qui s’est passé cet après-midi ?

— Eh bien, pour être franc, c’était pour protester contre votre façon d’agir.