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nora l’énigmatique

— Non, monsieur.

Le capitaine Benoît le regarda un moment, puis dit :

— Ce que tu n’as pas aimé, c’est l’interrogatoire de Nora. Tu n’as donc pas compris que je t’y ai fait assister pour t’ouvrir les yeux sur cette fille dangereuse, pour te protéger contre elle ?… Tu ne me crois pas ? Tu penses qu’il y a autre chose ?

— Monsieur, je n’ai pas le droit de rien croire…

— Oui, tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse et je n’ai pas le temps de te parler, moi non plus. Nous reprendrons cette conversation.

VIII

Le capitaine avait prononcé le mot qui pouvait le plus exaspérer Édouard Lanieu : le protéger. Rien n’était plus de nature à fouetter cette nature ombrageuse.

Aussi, ce soir-là, moins par goût que par bravade, le sergent se rendait-il chez Nora, qui, malgré ce qu’il aurait pu craindre, le reçut avec effusion.

— Tu n’as pas peur du capitaine ? lui dit-elle en riant.

— Peur ? Pourquoi ?

— Venir me voir, moi, oune souspecte !…

— Que le diable emporte le capitaine !

— Bravo ! Bravissimo !

Et elle l’embrassa.

Tout de même, ayant affirmé son indépendance à ce qu’il croyait, il ne tarda pas à rentrer à la mairie, où,