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nora l’énigmatique

lance particulière. Enfin, accompagnée d’un soldat qui la tenait par le bras, une femme entra, en protestant.

C’était Nora !

Ainsi donc, Édouard avait bien vu, à la fenêtre. Il en resta tout éberlué. Mais, surtout, il se demandait comment on pouvait l’amener à l’interrogatoire des suspects, puisqu’il n’avait pas vu son nom sur la liste noire, du reste assez courte ? C’était un coup du capitaine Benoît et le sergent en éprouva dès l’abord une grande colère, d’autant plus forte qu’il ne pouvait la manifester à l’extérieur.

Assurément, les excuses ne manquaient pas. Il n’était pas facile, en effet, de s’expliquer comment la jeune fille avait pu traverser les lignes, quelques heures avant la bataille, afin de pénétrer dans un village sur les arrières de l’ennemi. Édouard se rappela le mot que lui avait dit le capitaine, juste avant le départ de Gerardino. Il avait donc des soupçons ? Tout cela était absurde ! On allait s’expliquer.

VII

Édouard Lanieu n’avait guère le loisir d’approfondir le mystère. Nora avait à peine embrassé du regard la pièce et ses assistants qu’elle se lançait dans une scène de protestations dont la véhémence faisait, semblait-il, vibrer les vitres des fenêtres. Un torrent de mots italiens et français s’abattit en trombe sur les deux hommes.

— C’est oune indignité, criait-elle. Moi, amenée ici ! Yé souis oune honnêté femmé… Laissez-moi. Vous êtes des bandits !…