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nora l’énigmatique

Bientôt, prévenu par T.S.F., le bataillon envoyait de nouveaux détachements. D’autres officiers s’installaient dans la mairie afin d’organiser, qui les services de garde, qui le cantonnement des troupes, qui le ravitaillement aussi bien de la population que des militaires. Bref, l’occupation prenait forme, au milieu d’une activité fiévreuse, mais ordonnée.

L’officier d’état-major assigné à l’administration civile, représentant le G.M.A., c’est-à-dire le Gouvernement militaire allié, prenait les mesures initiales qu’exigeaient ses fonctions. Il faisait réunir la population sur la place publique et lui adressait un discours bien senti où, recourant tour à tour à la fermeté, à la bonne humeur ou à la bienveillance, il communiquait à ses nouveaux administrés le désir de son Gouvernement d’assurer l’ordre et le bien-être à tous, à condition que tous se montrent loyaux et consentent à collaborer. Puis il faisait afficher une proclamation qui résumait, en un style lapidaire, toutes ces idées.

Pendant ce temps, Benoît et Lanieu poursuivaient leur besogne, interrogeant diverses personnes qu’on leur amenait et dont le nom paraissait sur une liste de suspects, établie d’une façon que le sergent ne pouvait s’expliquer. « Ces gens de l’Intelligence sont bien habiles et mystérieux », se disait-il.

Tous les suspects protestaient de leurs bons sentiments, juraient qu’ils avaient subi le fascisme et, surtout, qu’ils n’avaient jamais aidé l’ennemi. Pour la plupart, l’officier se rendait vite compte qu’il s’agissait de pauvres diables, victimes peut-être de dénonciations inspirées par des inimitiés personnelles, et bien incapables de nuire. Quant aux autres, on les désignait, avant de les semoncer et de les renvoyer, en vue d’une surveil-