lemands s’y dissimulent-ils encore, prêts à canarder les nôtres des fenêtres de maisons. Ou bien la population se montrera hostile, ce qui ne suscitera pas de grandes difficultés, il est vrai. Mais il faut tout prévoir.
Durant les dernières phases de la bataille, les nôtres ont pris des prisonniers que le sergent Lanieu a été chargé de conduire au P. C., c’est-à-dire vers l’officier de renseignements qui doit les interroger immédiatement afin d’en tirer des éclaircissements utiles.
En une telle occasion, la rencontre entre les deux hommes ne peut que prendre l’aspect le plus impersonnel et le plus rigide que comporte la discipline militaire. Cette besogne terminée, toutefois, et après quelques coups de téléphone, le capitaine Benoît dit à Édouard :
— Je me rends à Morona avec les détachements de tête et j’ai obtenu de ton chef que tu m’accompagnes. Ça va ?
La perspective d’être l’un des premiers dans un village conquis, — et, par-dessus le marché avec le service de renseignements qui prépare les voies au Gouvernement. militaire allié, — ne peut que plaire à Édouard, même s’il doit rester dans la compagnie du capitaine Benoît.
C’est ainsi qu’il arrive à Morona dans l’un des deux premiers véhicules à y pénétrer.
Précédées des deux chars, les autos parcourent rapidement les rues du village. Tout doute qui pouvait subsister disparaît vite. La population, sortie on ne sait d’où, envahit la chaussée. À vrai dire, les Allemands ont à peine occupé l’endroit qu’ils n’ont pas organisé en localité défendue.