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nora l’énigmatique

grands cercles dans le ciel. Les motocyclettes des estafettes parcouraient la route dans les deux sens sur le flanc de la colonne, de la tête à la queue.

— Diable ! se dit Édouard. C’est pas des farces !

Se retournant, il vit la voiture du commandant s’arrêter un instant et le capitaine Benoît en descendre.

— Évidemment, ça va chauffer bientôt, dit-il, ironique.

Il aperçut le capitaine qui se dirigeait vers une maison isolée, près de la route.

À partir de ce moment, la marche du convoi perdit de son uniformité. On ordonna d’abord aux véhicules de s’espacer davantage. Puis, des arrêts fréquents, des accélérations soudaines, des ralentissements inexpliqués en variaient le mouvement. Les avions rétrécissaient leurs cercles, dans l’air ; les estafettes semblaient prises de frénésie, tant elles se précipitaient sur la route.

Et l’on entendit les premiers coups de canon. Sourds, lointains encore, espacés irrégulièrement, ils paraissaient dénoter un engagement encore indécis. Dans tous les véhicules, on pouvait apercevoir les hommes qui se redressaient. Les blagues cessaient, les rires se taisaient. On était tout oreilles, cherchant à deviner un peu ce qui se passait. En tout cas, on était fixé sur un point, qu’on avait pourtant soupçonné. C’est qu’on allait se battre dès l’arrivée à destination.

Durant un arrêt de la colonne, le commandant envoya chercher le sergent Lanieu, afin de lui confier, en partie, les plans de l’attaque à laquelle le détachement allait prendre part. Les véhicules lourds commencèrent à quitter la route, afin de se disperser dans la campagne