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nora l’énigmatique

Nora intéressait fortement Édouard et, au début en tout cas, paraissait s’intéresser beaucoup à lui.

Au bout de quelques jours, toutefois, le jeune homme avait constaté qu’elle jetait les yeux sur d’autres, ou, du moins, que d’autres tournaient autour de ses jupes.

Ce qui avait fini par amener une explication assez orageuse entre les deux tourtereaux logés sous le même toit.

De là venait la mauvaise humeur d’Édouard. Rien que de très normal, en somme.

V

Nora était belle. D’une beauté assez vulgaire, si l’on n’y prêtait pas attention, mais qui s’éclairait d’une intelligence hors de l’ordinaire.

Sous une luxuriante chevelure d’un noir de jais, une figure ronde, au teint bruni par le soleil de la région napolitaine, dans laquelle s’allumaient des yeux sombres. Par instants brûlés d’un feu ardent, ces yeux pouvaient devenir durs, alors que le visage se fermait à toute expression et qu’on se demandait ce qui pouvait bien se passer sous le front large et haut.

Sur de longues jambes (« faites au tour », disait le poète du peloton), un corps tout en rondeurs et, pourtant, élancé.

En somme, « une s… belle fille », ainsi que s’écriaient les gars du pays de Québec transplantés entre Naples et Rome.

Fille bien faite pour aguicher ces soldats, privés de compagnies féminines depuis si longtemps et exubérants