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nora l’énigmatique

Les détails lui manquaient sur l’histoire de cette intéressante personne, parce que la conversation était laborieuse, avec ses hôtes. Depuis le débarquement en Italie, il avait appris quelque peu la langue du pays. Ses connaissances n’allaient pas loin et, surtout, il n’arrivait pas à traiter les sujets un peu compliqués (« Je m’enfarge dans les verbes irréguliers », disait-il.) D’autant plus que ses hôtes, fort braves gens au demeurant, n’étaient ni trop intelligents, ni trop débrouillards.

Avec Nora, ça allait mieux. D’abord, un jeune homme et une jeune fille qui se recherchent arrivent toujours à se communiquer l’essentiel. Et puis, Nora parlait passablement le français, qu’elle avait appris, semblait-il, alors qu’elle était femme de chambre dans une famille française ayant fait, avant la guerre, un long séjour à Naples. Il était aussi question de certaine maison franco-italienne : ce n’était pas très clair.

Nora n’aimait pas à se raconter. Quand Édouard voulait mettre la conversation sur ce terrain, elle éclatait de rire, puis abordait bientôt un autre sujet, déclarant, avec l’accent qui se faisait parfois très prononcé, mais pas toujours :

— Yé né souis pas intéressée.

Tout de même, Édouard avait fini par conclure que Nora n’était pas la fille des paysans où il demeurait. Parenté, sans doute, mais assez éloignée, puisqu’ils ne paraissaient pas connaître intimement certains détails qui la touchaient.

Notre personnage ne s’en inquiétait que dans la mesure où l’on désire tout connaître de la personne à laquelle on commence à penser plus qu’aux autres.