Nora n’eut pas la peine de répondre. Le capitaine Benoît sortit brusquement de sa cachette et, mettant un revolver dans les côtes de l’Allemand, dit :
— La plaisanterie a assez duré. Rendez-vous, capitaine Sudermann. Inutile de résister, mes hommes entourent la cabane.
— Mais… mais… bégayait l’autre… Que veut dire ?… Qui êtes-vous ?
— Capitaine Benoît, British Intelligence Corps.
— Et… M. 25 ?
— James, du British Intelligence Corps également.
La stupéfaction de Sudermann atteignait son comble. Mais, se ressaisissant, il dit :
— Bien joué, Nora. Et depuis le temps que ça dure ! Je n’aurais pas cru… de vous… Vous m’avez eu joliment !… C’est le métier !… Je vous accompagne donc, capitaine Benoît… Fouillez-moi si vous voulez : je ne porte jamais d’armes… M. 25, je vous admire. Mais je n’aimerais pas être à votre place : vous savez ce qui arrive à ceux qui trahissent, dans notre service ?
La jeune fille pâlit. Benoît entraînait son adversaire.
— Ne nous attardons pas, dit-il. Ça peut finir par chauffer. Car, capitaine Sudermann, j’ai le plaisir de vous annoncer que nos troupes occupent le château et même une jolie tranche de pays, en-deçà.
Dehors, on aperçut Édouard qui avait terrassé, par une prise habile, le seul compagnon qu’avait amené Sudermann.