— Comment en pouvait-il disposer ainsi ?
— Autre histoire encore, et triste celle-là. Le propriétaire, noble misanthrope…
— Missiac nous a renseignés.
— Eh bien, ce propriétaire a quitté sa maison lors de l’armistice du maréchal Badoglio et s’est mis au service des Allemands. Il y a bien peu d’Italiens de son acabit. Mais on en rencontre, que l’intérêt personnel fait agir : notre homme avait un grand besoin d’argent… Je m’étais arrangé pour que Sudermann prenne à son service ces deux personnes dont j’étais sûre. La négociation a d’autant mieux réussi qu’il s’agit de deux anciens domestiques… des gens que j’ai connus dans le temps…
J’avais donc donné rendez-vous à Sudermann ici. Mais j’exigeais qu’il joue cartes sur table, c’est-à-dire qu’il apporte tous ses documents, que je compléterais selon que je le jugerais bon. Voyez-vous, on est payé selon ce que l’on communique et un agent n’aime pas à laisser à un autre le mérite de ce qu’il a trouvé…
La journée s’est passée en communications fébriles avec notre état-major, dont le résultat pour vous, capitaine Benoît, a résidé dans les messages que vous avez reçus et, en particulier, l’ordre de venir ici, puis de vous mettre à la disposition de James.
— Dans le monde, Nora, s’exclama Édouard, dis-moi donc où tu as pêché ce nom ?
— C’est tout simplement le nom de guerre sous lequel je communique avec les nôtres. Pour les Britanniques, je suis James ; pour les Boches, M. 25.