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introduction
ralement. Il en est de même lorsque la parole est adressée au réformateur, son nom est alors isolé (Zarathustra) ou parfois accompagné des qualificatifs : juste, vrai, saint et cinq ou six fois du mot Çpitâma. Çpitâma au contraire, n’est employé seul, qu’en quelques endroits très rares, six ou sept peut-être ; et alors, il est toujours précédé dans le membre de phrase antérieur du nom réel Zarathustra. Ainsi au Yaçna IX. 6, 7. Hôma lui dit : Je suis, ô Zarathustra, Homa le pur ; honore-moi Çpitâma[1].
Au Yesht XVII. 22, Ashi Vanuhi s’exprime d’une manière analogue « Çrîrô ahi Zarathustra, hukeretô ahi Çpitâma. — Tu es beau, Zarathustra ; tu es bien fait, Çpitâma. » On voit qu’il y a simplement disjonction des deux termes, amenée par le besoin du mètre. Au Yaçna IX, la chose est encore plus frappante. Le qualificatif «pur» (ashava) suit le nom de Zarathustra et indique que l’expression suivante est de même nature.
D’ailleurs, l’Avesta qualifie de Çpitâmas tous les ascendants et descendants de Zoroastre[2]. Ce mot est donc considéré comme patronymique ou comme un qualificatif propre aux membres de la famille du prophète en raison de leur parenté avec le saint homme. Enfin, le témoignage unanime de la tradition, quelqu’ancienne qu’elle soit, ne laisse aucun doute sur la nature de ces mots. Zarathustra est pour elle, le seul nom du réformateur ; ainsi, les Mages l’ont appris aux Grecs, ainsi les uns et les autres nous l’ont transmis. Peut-être les Mages ont-ils inventé et le nom et le personnage ? il serait, en ce cas, assez plaisant que nous leur apprissions le nom véritable de leur prophète.
Notons enfin que Zarathustra ne peut-être le terme désignant le ministre d’une religion ; sa signification, quelle que soit celle que l’on choisisse, ne permet d’en faire qu’un nom propre. La valeur et le sens du mot çpitâma sont également incertains, on vient de le voir. On le fait généralement dériver de la racine çpi faire croître, développer et l’on traduit « auguste, saint » tout comme çpeñto. Ce serait un superlatif formé directement de la racine comme çraêsta. Rien de plus douteux, ce genre de superlatif a généralement le suffixe sta, d’ailleurs on devrait avoir alors çpitema. On pourrait aussi recourir à la racine çpit être blanc, briller. Çpitâma égalerait çpittama très-briliant ou çpita ama, à la force brillante (?).
Mais revenons à Zoroastre.
Les parties d’âge moyen, ou les plus récentes de l’Avesta ont considérablement étendu la légende de Zoroastre. Nous le voyons en scène chassant les Dévas, les écrasant de ses armes spirituelles, s’entretenant fréquemment avec Ahura-Mazda dans la forêt sacrée, au bord du Dàraja et ailleurs et recevant également la visite de Hôma (Y. IX), les faveurs d’Ashi-Vanuhi (Y. XVII). Il est préposé au Vara de Yima et substitué à ce dernier (Voy. Vend. II.) Il lui est donné trois épouses et six enfants. Ses fils sont désignés comme les fondateurs des trois classes de la nation, c’est-à-dire de l’ordre sacerdotal et des classes des guerriers et des pasteurs. Ses trois épouses sont nommées Cagar, Padokhsha et Hvovi. La première lui donna un fils, Urvatat-narô préposé au gouvernement du Vara de Yima, chef et fondateur de
  1. Azem Ami. Zarathoustra, Haomô… â mâm yâçanuha, Çpitâma.
  2. Voy. Yaçna XLV. 13 ; L. 19 ; Yesht XIII. 97.