Page:Harlez - Avesta, livre sacré du Zoroastrisme.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxvii
introduction

sortit victorieux. Gustâçp alors ne résista plus mais ordonna de construire partout des pyrées.
Mejidi raconte la même chose et ajoute même que Zoroastre prit du feu dans une main et le fit passer dans l'autre sans se brûler. Mais en bon mahométan, il attribue ces merveilles à la prestidigitation. L’abréviateur de Khondémlr, de même religion, dit aussi qu'il avait appris à jouer avec le feu. Il admet les apparitions révélatrices mais il les attribue au démon. « Le diable, dit-il, lui fit voir un jour une lumière d’une apparence adoucie et vint en conversation avec lui du milieu du feu — Eblis hân nuvar râ dar labâs nâz bûi mamûd va az miân âtesh bâ hô dar takelm hâmad. »
Les mahométans se plaisent en outre à faire de Zoroastre le serviteur d’un prophète, chassé par son maitre pour inconduite et frappé de lèpre ou d’une autre maladie honteuse.
Le Shâhndmeh nesr, en revanche, nous raconte que le prophète mazdéen, planta près du palais de Gustâçp, un cyprès qui en peu de jours atteignit une telle taille que le roi fit bâtir sur sa cime un vaste palais d’été. Cependant, les sages de la cour, jaloux de la faveur du thaumaturge, parvinrent à le perdre dans l'esprit du roi et à le faire jeter en prison. Peu après, les pieds du cheval favori du roi rentrèrent dans le corps de telle façon que l'animal gisait sur le ventre. Le roi recourut vainement à la science des accusateurs de Zoroastre, ils ne purent rendre au cheval les membres disparus. Zoroastre ayant appris l'aventure fit dire au roi, par son geôlier, qu’il pourrait guérir l'animal favori. Appelé aussitôt auprès de Gustâçp Zoroastre exigea d’abord que, le roi embrassât sa religion, puis il fit sortir le pied droit de devant du corps du cheval. L’extraction des trois autres pieds fut le prix de l’adhésion des deux fils de Gustâçp, de sa femme et de l'aveu des calomnies qui avaient. conduit Zoroastre en prison. Quelque temps après, le thaumaturge obtint par ses prières et l'usage d’objets par lui consacrés, que Gustâçp fut transporté vivant au ciel, et y vit la place qui lui était destinée, que Peshutan son fils aîné devint immortel, qu'Isfendar, le second enfant royal fût rendu invulnérable et que Jamaçp, le sage ministre, connût tous les événements passés, présents et futurs jusqu’à la résurrection générale. Vistâçpa avait demandé toutes ces faveurs pour lui seul, mais le ciel ne pouvait accéder à un vœu qui eût rendu un mortel semblable à Dieu même. Mais c'est assez de ces légendes. Nous passerons sous silence celles du Dabistân, de Sharistâni, de Khondémir, etc. Notons en terminant, la part qui en revient à l’Avesta, Le livre sacré n’en contient presque point. Tout ce que l'on y trouve, c’est qu’à la naissance de Zoroastre, les eaux et les plantes se réjouirent et grandirent (Yesht XIII 93-94), que toutes les créatures sentirent que le salut des hommes était advenu, et que les Dévas tremblèrent (Farg. XIX. 141). C’est que Zoroastre eut des entretiens avec Vohumanô, Ashi-Vanuhi, Haoma et Ahura-Mazda ; très fréquemment avec ce dernier, et qu’il reçut de lui la bonne loi mazdéenne. C’est enfin qu'il mit les Dévas en fuite et les bannit à jamais du monde visible (Y. XIX), après avoir résisté à leurs sollicitations perfides. Le reste n’est point au-dessus de ce que peut faire l'apôtre d’une religion nouvelle et ne sort point du cercle naturel de ses actes.
Des scènes telles que celle des plaintes du génie des troupeaux et l'annonce de la venue de Zoroastre (Y. XXIX) ne sortent pas du domaine de la poésie.