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introduction

soulevèrent leurs ondes. La vie du prophète dans le désert fut des plus extraordinaires ; sa nourriture ne consistait qu’en lait ou en fromage, lequel ne se corrompait jamais ; et cela dura 30 ans. La grotte qu’il habitait fut souvent visitée par le feu du ciel.
Lorsqu’il fut suffisamment préparé à sa mission religieuse, Ahura-Mazda lui apparut et lui révéla la vraie doctrine, la loi sainte. Les entretiens du Dieu avec le ministre qu’il s’était ainsi choisi furent très nombreux et fréquemment accompagnés de circonstances merveilleuses. Vohumanô, Craosha, Haoma et d’autres génies se montrèrent à lui également pour lui adresser des instructions et des exhortations. Lorsqu’il se rendit à la cour de Vistâçpa, Zoroastre y parut non en philosophe, mais en thaumaturge ; le feu du ciel et les animaux sauvages obéissaient à sa voix, il semblait commander à la nature entière. Aussi, la conversion de Vistaçpa fut-elle due, plutôt aux miracles du prophète, qu’à l’éloquence du prédicateur.
Les premiers faits merveilleux qui viennent d’être cités et les apparitions célestes se trouvent déjà dans les récits antiques[1]. Les prodiges opérés à la cour de Vistâçpa, ont été inventés en majeure partie au moyen-âge. Les principaux d’entre ces derniers se trouvent relatés dans le Zartusht Nâmeh ou « livre de Zoroastre. » On voit dans ce livre que Zoroastre fut précipité dans le feu par les démons et qu’il en sortit sain et sauf, le feu se transformant en rosier ; qu’il fut de même, par les esprits infernaux, jeté sous les pieds des bœufs et des chevaux qui ne lui firent aucun mal ; dans un autre de loups dont Dieu tint les gueules fermées ; qu’il fut nourri et allaité par deux brebis, etc. Visité d’abord par le Yazata Vohumanô, il fut transports au ciel, y vit et accomplit des merveilles et s’y entretint avec Ahura Mazda et reçut de lui la loi et l’Avesta. Son arrivée devant Vistâçpa et la manière dont il le convertit à sa religion est également racontée par les auteurs du Shahnâmeh nesr ou Shâhnâmeh en prose et du Muji.
Le second nous raconte que Gustâçp (Vistâcpa) étant un jour assis en compagnie (majileh) en sa villa d’été (dar hivân i nishastaa bûd), Zoroastre fendit le toit (saqaf i hivân beshatâft). Cette apparition prodigieuse fit fuir les uns et troubla les autres. Zoroastre se fit alors connaître et pressa le roi d’embrasser la foi nouvelle. Celui-ci ne se rendit pas tout de suite, il voulut que Zoroastre conférât avec les sages de sa cour ; ceux-ci reconnurent la sagesse des doctrines du nouveau prophète ; mais toutefois, ils exigèrent de lui, en preuve de sa mission, qu’il se laissât lier les mains et couler de l’airain fondu sur la poitrine. Zoroastre accepta l’épreuve sans hésiter et en

    de Jérémie chassé par son maître (Abu Mohamed Mustapha. Vie de Qustaçp) ; un autre transforme les pyrées de la Perse en autels des planètes (Farhang-i-jihângiri verbo azer.) Le Mùjmil-ut-teucarikh prétend que « le Dieu très-haut envoya Noé au roi Zohak ; qu’Ataxercès-Longue-Main succéda à Gustaçp le roi contemporain de Zoroastre et que ce fut le prédécesseur de ce dernier, le roi de Bactriane, Lohrasp, qui envoya Nabuchodonosor faire la guerre aux Juifs, et le reste (Voy. Journ. asiat. 1841, textes persans, p. 168, ligne 17 ; 174. lignes 1-6 ; 351, lignes 3 et s.)» Les Parses, de leur côté, affirment sérieusement que Balkh fut la ville d’Abraham, et font d’Alexandre-le-Grand un fils de Darius conquérant de la Perse (Voy. Misajât-i-Fârsi p. 226-227). On trouvera d’autres traits de ce genre dans la bibliothèque orientale d’Herbelot aux articles : Avesta, Abraham, Pazend, Asia, Zend pp. 701. 916, 929, etc. — Voy, Peshotun. Péhalavi vydkarana. Introduction, etc.

  1. Voy. Pline, Hist. nat. XI, 42, 97. – Plut. Quest. symp. IV, 1. – Dio Chrysost.