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introduction

monarque sous lequel, à les en croire, vécut le célèbre réformateur. Les auteurs grecs[1] les plus anciens ne donnent à ce dernier que la qualification de Mage ou de chef des Mages. Ce titre, n’appartient réellement qu’aux prêtres de la Médie et de la Perse ; il prouve donc que Zoroastre était universellement regardé, non comme un ancien souverain, mais comme le chef religieux de ces pays. Les traits de sa vie que l’on trouve dans les légendes et qui ont un caractère naturel se réduisent à ceci (nous les donnons bien entendu, à titre de renseignements et sans rien préjuger de leur réalité) :
Zoroastre vécut en Bactriane[2] sous un roi du nom de Vistâçpa. Son père s’appelait Pourushaçpa (aux nombreux chevaux) et descendait de la race royale[3] de Haeca-taçpa. Son habitation s’élevait sur une haute montagne.
Parvenu à l’adolescence, Zoroastre se retira dans un désert et vécut dans une grotte d’une vie austère et solitaire. Dans sa retraite il se livrait à de profondes méditations[4]. Ce qui le préoccupait le plus, c’était l’idolâtrie qui avait corrompu les idées religieuses du monde entier ; c’étaient les pratiques du culte des faux dieux, de ces Dévas qui parcouraient la terre sous une forme humaine[5]. Il passa sept ans à méditer son système, puis il le communiqua à quelques disciples choisis.
Le succès qui couronna cette première tentative de prosélytisme, engagea Zoroastre à sortir du désert où il avait vécu jusqu’alors et à prêcher au loin sa doctrine. Il rencontra d’abord des difficultés considérables et des oppositions violentes ; pour les vaincre, il se détermina à se rendre à la cour du roi Vistâçpa (à Bâkhdhi ?) Ce monarque accueillit favorablement le réformateur ; il embrassa même la religion nouvelle et employa sa puissance à la faire triompher dans ses états. Le règne de Vistâçpa fut constamment occupé par des luttes contre les Touraniens de l’Oxus, ennemis du nouveaux culte[6]. Ces adorateurs des Dévas pénétrèrent un jour dans Bâkhdhi et la livrèrent au pillage ; Zoroastre périt sous leurs coups[7].
Autour de ces faits, qui pourraient à la rigueur être réels, l’imagination orientale a groupé des légendes qui composeraient un gros volume[8]. Nous ne relaterons point toutes ces merveilles. Nous nous bornerons à en mentionner les points principaux. Né à peine, Zoroastre eut un sourire plein d’intelligence ; sa tête repoussait, par un mouvement spontané du cerveau, toute main qui osait la toucher. Dès qu’il parut sur la terre, la nature tressaillit de joie, les arbres agitèrent leurs feuilles, les fleuves
  1. Voy. Diog. Laert. Proœm. 2. – Platon, Alcib. I, circa finem. – Aristote apud Diog. Laert. Pr. 8. – Clem. Alex. Strom. I, p. 337, éd. Potter. – Il est à remarquer, en outre, que ni Hermippe, ni Xanthus, ni Hermodore ne mentionnent ce titre de roi.
  2. Ou en Médie.
  3. Yaçna IX. 43 ; Vend. XIX. 15.
  4. Dio Chrys. Borysth., t. II, pp. 60-61, éd. Dindorf. – Porphyr. De Antro nympharum.
  5. Yaçna IX, 46. C’était peut-être aussi le désir de la gloire comme chez Mahomet.
  6. Voy. Favardin Yesht 99 ; Zamyad Y. 84 ; Ashi Y. 49 ; Abân Y. 112.
  7. C’est le récit du Shâhnâmeh nazer et de Mejidi. Arjapa, roi des Touraniens, dit ce dernier, éteignit le feu de Zoroastre dans le sang des prêtres (atesh Aardushti râ bikhûn i magôsân anthafâ dâd).
  8. Les traditions historiques des Parses sont malheureusement des plus infidèles et les auteurs perso-arabes, qui ont donné une histoire à la Perse moderne, traitent les antiquités éraniennes avec le plus incroyable sans-gêne. C’est ainsi, que l’un d’eux, nous donne Zoroastre pour un serviteurs