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introduction

a longtemps prévalu. Aujourd’hui elle est presque entièrement abandonnée et cela surtout parce que l’on a constate que les oppositions entre les Védas et l’Avesta étaient biens moins considérables que les analogies et les ressemblances et qu’elles ne pouvaient justifier une rupture violente opérée entre les deux peuples aryaques.
On s’est aperçu en outre, que l’essence du zoroastrisme devait être cherchée ailleurs. Le second argument de Haug n’est guère plus solide. Il repose sur le fait traditionnel que l’Avesta avant Alexandre, comprenait vingt-et-un livres tous d’une étendue considérable. Haug rappelle que la langue de l’Avesta a cessé d’être parlée aussitôt après la conquête macédonienne ; il conclut de ce fait que ces vingt-et-un livres, ont dû être terminus au ive siècle av. J.-C. Puis il ajoute : « Les écrits de Zoroastre se trouvent à la tête de cette immense littérature avestique qui requit certainement bien des siècles pour sa production successive. Donc, en aucun état de cause on ne peut lui assigner une date plus récente que l’an 1000 av. J.-C. et l’on a des raisons de reculer encore son ère et d’en faire un contemporain de Moise. »
Les raisons auxquelles Haug fait allusion sont malheureusement d’une extrême faiblesse. Nous les indiquerons brièvement pour mettre nos lecteurs en garde centre les théories hasardées abritées sous un nom illustre. Nous citons Haug.
« Zarathustra Çpitama le fondateur de la religion parse, vécut à une époque très reculée. On ne peut en douter car :
« 1o Le grand mouvement religieux dont il fut le promoteur, est fréquemment mentionné dans les Védas.
« 2o Zarathustra est dit, dans l’Avesta, célébre dans l’Airyâna Vaêja. Or, l’Airyâna Vaêja est le pays qu’habitaient en commun les ancêtres des peuples indo-européens, et qu’ils avaient quitté depuis un temps immémorial. On doit donc dire que ce titre ne lui aurait pas été donné si ses sectateurs n’eussent point su qu’il avait vécu à cette époque antique.
« 3o Pline (Hist. nat. XXX. 2) dit que Zoroastre vivait plusieurs milliers d’années avant Moise.
À ces arguments il n’y a à répondre que ceci :
1o Les Védas ne contiennent aucune allusion à la révolution religieuse de Zoroastre. Tout ce que Haug y trouve est semblable à cette mention expresse du nom de Zoroastre qu’il avait cru y voir dans le mot Zaradashti alors que ce terme signifie simplement « longévité », ou « doué de longévité » (Comparez Grassmamm et Böthlingk-Roth, au mot Zaradashti.)
On trouvera plus loin quelques détails sur ce sujet.
2o Les dire des Parses n’ont aucune force probante. Les fables dont ils ont rempli l’histoire de leur prophète ont pour pendant naturel, l’antiquité fabuleuse de son ère. LAiryâna Vaêja est elle-même une terre fabuleuse bien que cette conception ait pu avoir pour point de départ le souvenir du berceau originaire.
3o Pline n’est ici que l’écho des Mages qui ne méritent aucune créance.
Du reste, la base du calcul de Haug est entièrement fausse ; que la langue avestique se soit éteinte peu après les conquêtes d’Alexandre en Éran, cela est incontestable. Mais l’exemple du latin et du sanscrit, prouve surabondamment, qu’une langue sacrée continue à s’écrire bien des siècles encore après qu’elle a cessé d’être en usage. Le