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xxi
introduction

Elle prouve du moins que Zoroastre était un nom ayant cours parmi les humains. Les auteurs anciens, unanimes en ce qui concerne le nom, ne sont plus d’accord lorsqu’il s’agit de déterminer l’époque où vécut Zoroastre, ni la place qu’il occupa dans l’histoire de son pays ; le plus grand désaccord règne entre eux à ce sujet, comme on vient de le voir.
Bérose cite un Zoroastre qui vécut vers l’an 2200 av. J.-C. et fonda une dynastie mède à Babylone ; ce ne peut ètre celui qui nous occupe. D’autres écrivains confondent l’auteur de l’Avesta avec un Mage de Chaldée qui fut le maitre de Pythagore[1] et qu’ils appellent tantôt Ζωϱοάοτρης ; tantôt, Ζαϱάδης[2], Ζάϱατης[3] ou Ζάϱης[4] ; il aurait donc vécu au xiiie siècle avant J.-C.
D’autre part, Eudoxe de Cnide le fait vivre 6000 ans avant la mort de Platon ; Theopompe de Chios, 5000 ans avant la guerre de Troie. Aristote[5] se rangeant à l’avis d’Eudoxe prétend que la religion éranienne est de beaucoup plus ancienne que celle de l’Égypte. (Plin. H. N. XXX, c. I, n. 2. — Plut. De Iside, c. 46. — Hermod. Mathem. ap. Diog. Laert. Proœm. 8.)
En revanche, Xanthus de Lydie reporte l’époque de Zoroastre au vie siècle avant le règne de Xerxès. Ammien Marcellin le rapproche encore plus du règne de Darius ier, et les écrivains du temps des Sassanides font de Zoroastre un contemporain du père de ce prince (Voy. Am. Marc. XXIII, 26.)
Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’invraisemblance des assertions d’Hermippe, d’Endoxe et d’Aristote. Elles ne s’appuient sur aucun fondement et sont contredites par les faits. Elles n’ont d’ailleurs d’autres sources que les affirmations intéressées et peu sûres des Mages.
L’opinion des écrivains persans du moyen-âge n’est pas plus digne d’attention ; elle n’a d’autre origine qu’une confusion entre le père de Darius et le roi Vistaçpa des légendes zoroastriennes (Comparez Agathias II 24.).
Il serait superflu de discuter la réalité de la conquête de la Bactriane par Ninus ou par tout autre souverain d’Assyrie, vers le xiiie siècle. Les inscriptions cunéiformes donnent sur ce point un démenti complet à Ctésias. Haug, comme le faisait Burnouf, reporte l’origine du zoroastrisme au delà du xviiie siècle. Il s’appuie sur deux genres d’arguments. De quelques idées diamètralement opposées que l’on trouve dans l’Avesta et dans les Védas, il conclut que le zoroastrisme a été une protestation contre les croyances polythéistiques des Aryas Indous et qu’il s’est formé, par conséquent, à l’époque où les éraniens se sont séparés de leurs frères orientaux. Cette appréciation
  1. Euseb. Chron. p. 26, éd. Aucher. – Jamblichus, Vita Pythag. c. 19. – Cic. De fin bon. V. 29. – Valer. Max. VIII, 7, externa 2, initio. – Plin. E. N. XXX, 1, 2. – Diog. Laert. VIII, 13. –Porphyr. Vita Pythagor., 41.
  2. Agathias, p. 117, 1, 6, éd. Niebuhr. – Apulæji, florida, p. 19, éd. Altib.
  3. Plut. Tim. II, 2. – Porphyr. Vita Pyth. p. 24, éd. Kiesling. – Clem. Alex. Strom. I.
  4. Suidas. s. v. Πυδαγόϱας.
  5. Si jamais Aristote a jamais traité ce sujet.