Page:Harlez - Avesta, livre sacré du Zoroastrisme.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xx
introduction

historique de la Perse ancienne ; l’Inde même compte à peine un écrit qui mérite ce titre[1].
Les écrivains de l’antiquité s’accordent cependant en général sur le nom que portait l’auteur présume de la religion avestique. Diogène de Laërce l’appelle Ζωροάστϱης ; Diodore de Sicile, Ζαθραύστης ; Dion Chrysostôme, Clément d’Alexandrie, Eusèbe et Suidas, Ζωϱοάςτϱης ; Plutarque, Ζωϱοάστϱις ; Cephalion et d’autres auteurs orientaux, Ζαϱαβάστης[2]. Les glossateurs pehlvis l’ont nommé Zartusht ou Zartuhast ; les Arabes, Ibrahim Zartutsht, et les Parses, Zaratust. Les Persans modernes ont adopté les formes les plus variées : Zardusht, Zaraduhasht, Zartuhasht, Zardisht, etc. Les inscriptions cunéiformes ne contiennent aucun nom qui se rapproche de ces mots. Mais, si l’on en juge d’après la forme grecque la plus usitée, ce nom devait être en vieux persan Zarâustra[3] ou plutôt Zaurahastra[4]. La seule forme antique qui nous reste est celle de l’Avesta et de la Médie (?) : Zarathustra. Ces formes, diverses en apparence, ne sont au fond que des variantes d’un même nom ; aucune de ces altérations n’atteint la substance du mot.
Les philologues ont vainement cherche la signification du nom de Zoroastre. Les uns le divisent en Zara thustra ; le premier mot signifierait or, le second (thwis) brillant. Les autres, avec plus de raison, séparent Zarath (pour zarat) de ustra, mot qui désigne un chameau. Le sens serait, selon F. Müller, aux chameaux vieillis {zarat venant de zar, jar, γεράσϰω). Selon Haug, ustra équivaudraità uttara. Zarathustra serait « le chef des vieillards » ou « le chef vieillissant. »
M. Darmesteter transforme Zarathustra en Zarat vat tra ; Zarat vat serait l’équivalent du védique harit vat qui signifierait, de couleur d’or ; tra serait une forme de comparatif contracté pour tara. Il n’est pas besoin de faire remarquer que zarat ne peut correspondre à harit qui dérive de hari (zairi), et qu’aucune analogie ne permet de supposer la contraction de vattara en ustra, pas plus que celle d’uttara. — De la comparaison des strophes 13 et 14 du Hà XLIII, on pourrait peut-être tirer le sens de « qui obtient un chameau comme présent honorifique, » la racine de zara étant celle de γέϱας. Ce serait un titre vraiment avestique. Il resterait du reste à savoir si la forme Zarathustra est primitive, ou si celle qui a donné Zoroastres n’est pas plus près de l’origine.
Le nom de Zoroastre paraît avoir été connu dans l’antiquité, indépendamment du fondateur de la religion des Mages ; car Bérose cite un roi de ce nom dans la dynastie mède qu’il dit avoir régné à Babylone. Cette allégation est bien probablement fausse.
  1. L’absence d’études historiques chez les Persans a été plus d’une fois signalée par les voyageurs européens. Voy. Chardin, Voyages, t. V, 254 ; édit. in-12.
  2. Voyez Diog. Laert. Proem. 21, édit. Didot. — Diod. Sic. I, 94. — Dio. Orat. XXXVI borysthenica, p. 448, édit. Morelli. — S. Clem. Strom. I, p. 334, édit. Sylburgii. — Euseb. Proem evang. L, I, inf. | Plutarque, édit Didot. — Cephalion, Euseb. arm. versio, édit. Maï, p. 41. — Suidas cite deux Zoroastres qu’il qualifie l’un de Περσομἤδος, l’autre de Ασσύϱιος, il nomme en outre un Ζωϱομάϱδης Χαλδαἴος, s. v. Ζωροἄστϱης Μάγοι. — Comp. Apulius, Apologia, p. 218, col. 2, éd. Nizard.
  3. Voy. Windischmann, Zoroastr. St., p. 45.
  4. Comparez Aura mazda Zaurahastra : ωϱομασδης ζωροαστϱης.