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introduction

le Hôma, etc. y manquent. Leur Olympe est tout matériel, leurs génies ne sont que les éléments et les astres ; leur Dieu suprême est le ciel. On voit à ces traits quelle distance sépare les Perses du ve siècle avant J.-C. des fidèles mazdéens et des rois Achéménides.
Nous avons donc le droit de conclure que le mazdéisme avestique n’était la religion ni du peuple persan ni de ses souverains. Toutefois, la mention faite, dans ces passages, des Mages et de leurs coutumes nous mettra peut-être sur la trace de l’origine du culte avestique et du mode de sa propagation en Perse. Notons donc que les Mages exposaient leurs morts aux loups et aux vautours, qu’ils se livraient par principe religieux à la chasse des fourmis, des serpents et autres reptiles, qu’en outre, ils étaient parvenus à s’y imposer comme sacrificateurs et que le peuple commençait déjà, mais en cachette, à imiter leurs pratiques relatives au traitement des cadavres. Les Mages étaient donc des étrangers cherchant à implanter leurs doctrines dans l’empire des successeurs de Cyrus.
Si d’Hérodote nous passons aux autres auteurs grecs, nous y trouverons la confirmation complète du résultat obtenu.
Pas plus qu’Hérodote, Xénophon, qui a vécu longtemps en Perse, ne semble soupçonner l’existence du zoroastrisme. Nous ne trouvons donc de documents certains que vers l’époque d’Alexandre. Quoi qu’il en soit de ces écrits tenus pour apocryphes, tout ce que les Grecs nous rapportent des doctrines avestiques n’est attribué par eux qu’aux Mages seuls. Les ouvrages qui traitent ce sujet s’appellent δ μαγιϰός (Aristote)[1], δ μαγιϰός (Xanthus) ou περὶ μάγων (Hermippe). Ces enseignements sont exposés ϰατὰ τοὺς μάγους ou ἀπο τῷν μάγων (Voy. Diog. Laert. Proœm. 1, 2, 3). Or, nous savons, par le témoignage d’Hérodote, que les Mages avaient des doctrines et des pratiques à eux propres, qui n’étaient pas celles de la Perse. L’histoire nous les montre en opposition avec les peuples de ce pays et cherchant à y usurper le pouvoir. Parvenus un instant à leurs fins, ils n’ont rien de plus pressé que d’opérer une révolution religieuse. Aussi, lorsque Darius eut mis fin à leur usurpation, ses premiers soins furent de rendre au peuple ses autels et ses céréemonies (Voy. Beh, I). Six siècles plus tard, une nouvelle révolution remit encore le pouvoir entre les mains des Mages. Nous les voyons aussitôt soumettre la Perse au joug de l’Avesta ; ce qui nous explique peut-être la chute si facile de leur trône, renversé en si peu de temps par les Arabes. La religion des Mages n’était point celle des cœurs perses, et elle fut bientôt oubliée par la majeure partie de la nation.
Il est enfin deux faits dont Strabon nous a conserve la connaissance et qui nous semblent de la plus haute importance pour la solution de cette question. Le premier concerne les Caspiens. Strabon rapporte qu’ils exposent leurs morts aux chiens et aux oiseaux[2]. Le second, consigné dans un texte trop peu remarqué, est emprunte àk la relation d’un des compagnons d’Alexandre. Strabon, après avoir constaté que les mœurs des Bactriens ne differaient que très peu de celles des tribus nomades, ajoute
  1. Ou Rhodon.
  2. Ολωννοἴς ϰαὶ ϰυσὶν προσβάλλουσι τεθνεᾤτας. De abstinentia, IV, 21.