Page:Hardy - Jude l’Obscur.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

JPDE L’OBSCUR 33 l’effet d’un chapeau neuf qu’il avait mis, salua avec dignité. — Eh bien,mot» garçon ?...diU’autre,distraitement. — Je suis venu, dit Jude. — Vous’ ?... Qui ôtes-vous ?... Oh !. .. je sais... Ap- portez-vous des commandes, petit ? — Oui. Jude donna les noms et les adresses des villageois qui désiraient s’assurer des vertus spéciales des pilules. Le charlatan les retint précieusement. — Et les grammaires grecque et latine ? La voix de Jude tremblait d anxiété. — Lesquelles ? — Vous m’aviez promis les vôtres, celles qui vous ont servi pour vos études. — Ah ! oui, oui... J’ai oublié... Vous le voyez, jeune homme, tant de vies dépendent de mes soins que je n’ai pas le temps de penser à autre chose. Jude mit quelque temps k s’as9urer de la vérité ; puis ; d’un ton de profonde douleur, il répéta : — Vous ne les avez pas apportées ? — Non, mais vous me ferez avoir quelques com- mandes de plus pour les malades, et je vous appor- l terai les grammaires la prochaine fois. | Jude laissa Vilbert passer en avant. C’était un être ^ simple et droit, mais le don de pénétration est sou- £ vent dévolu aux enfants et Jude devinait tout à coup à quelle humanité de camelote appartenait le charla- »çtan. Le laurier de sa couronne imaginaire s’effeuilla. retourna chez lui, s’appuya coulre la porte et ’^pleura amèrement. ">. Cette désillusion fut suivie par une série de jours ^jjmles et vides. Jude aurait pu faire venir ses grain- •à-