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DEUX YEUX BLEUS




Une violette dans la fraîcheur de sa jeunesse
Précoce mais fugitive, douce mais mortelle :
Le parfum d’une minute.
Rien de plus.


I

« UNE BELLE VESTALE RÉGNAIT EN OCCIDENT… »


Elfride Swancourt était une jeune fille de sensibilité profonde et d’émotions vives.

Seuls soupçonnèrent ses sentiments intimes, et souvent instables, ceux qui suivirent pas à pas son histoire.

Elfride était très belle et pourtant, en causant avec elle, vous ne remarquiez pas le dessin de ses traits. Non que sa conversation fût sérieuse et absorbât votre intérêt (car ses façons restaient encore enfantines), mais parce que la spontanéité de ses remarques vous empêchait de penser à autre chose.

Vivant toujours loin du monde, les monstrari digito d’hommes fats ne l’avaient pas encore pervertie. À dix-neuf ans, tout ce qui touche à l’amour lui était plus étranger qu’à une jeune citadine de quinze ans.

Dans son visage, une chose frappait cependant : ses yeux.

Ses yeux la résumaient toute. Il suffisait de