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— Très gentil.

— Or donc, l’histoire le dit, ce roi revint au trône. Quelques années après le terrassier Luxellian vint frapper à la porte du roi et demanda si Charles II était chez lui.

« — Non, lui répondit-on.

« — Et Charles III ?

« — Oui, dit un jeune homme qui ressemblait au commun des mortels si ce n’est qu’il portait une couronne. Mon nom est Charles III. Et…

— Je crois qu’il doit y avoir erreur. Je ne me souviens pas d’un Charles III dans l’histoire d’Angleterre, interrompit l’interlocuteur d’un ton de douce remontrance.

— Oh ! ça s’est cependant passé ainsi. Seulement on ne l’a pas imprimé. C’était un drôle de corps, ce Charles III.

— Très bien, continuez.

— Bref de fil en aiguille, le paysan Luxellian fut créé lord et tout marcha bien jusqu’au jour où il se querella d’une façon épouvantable avec le roi Charles IV…

— Charles IV, c’en est trop ! Je ne puis vous laisser continuer.

— Pourquoi ? Il y eut bien un Georges IV ?

— Certainement.

— Eh bien quoi, les Charles sont aussi communs que les Georges. Mais c’est bon, je m’arrête. Quel drôle de monde que le nôtre, tout de même ! Dire que de pareilles choses peuvent s’y passer !

La nuit tombait. Les contours du château s’effacèrent. Les fenêtres qui, peu auparavant, faisaient taches noires sur le blanc des murs, s’illuminèrent, découpant des carrés de lumière sur l’uniforme obscurité du paysage qui absorbait jusqu’aux contours de la maison.

Les voyageurs n’échangèrent plus un mot, ils grimpèrent une colline, puis une autre. Un mille