Page:Hardy - Deux yeux bleus, trad. Paul-Margueritte, 1913.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée


II

« C’ÉTAIT UN SOIR D’HIVER… »


Deux heures plus tard, on eût pu voir se découper des silhouettes sombres sur le ciel encore clair. Elles atteignaient le sommet de la colline sauvage contre laquelle s’adosse le village. Bientôt on eût discerné deux hommes assis dans un dog-cart, luttant contre le vent.

À peine avaient-ils rencontré une maison perdue ou un individu solitaire le long de la vallée désolée.

Et maintenant la nuit tombait. L’apparition silencieuse de Jupiter éclaira vaguement le paysage. Sirius, rivalisant d’éclat, épandit ses rayons blêmes.

Sur terre, quelques points rouge sombre çà et là sur les lointaines collines. Les paysans allumaient ces feux, fît remarquer au voyageur le conducteur du dog-cart, pour détruire la tourbe et les racines de genêts. Moyen commode de laisser l’espace libre aux champs de culture.

Le vent ne tombait pas. Quatre petits nuages délicats et pâles rampaient sur le ciel, là-bas au sud, au-dessus de la Manche.

Seize milles séparaient la gare du but de leur voyage. Quatorze se trouvaient déjà franchis ; Les voyageurs entraient dans une vallée plus fertile et plus civilisée. Peu après, entre un rideau de peupliers, surgit une grande maison.

— Le château d’Endelstow, la propriété de lord Luxellian, expliqua le conducteur.