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pose davantage la femme à croire aux horoscopes comme les situations anormales, on ne s’étonnera pas que les pauvres prisonnières, en face de réalités trop pénibles, aient eu recours au mirage des fictions.

Chez des malheureuses rongées d’inquiétude et privées du correctif souverain, le travail, quoi de plus commun que la croyance aux données les plus absurdes, pour peu que ces dernières répondent à leurs désirs, à leurs craintes, voire à leurs préjugés ?

Marchandes à la crédulité, il se rencontre toujours quelques sibylles de hasard dans toute agglomération féminine. De par la force des choses elles trouvèrent au Grenier un terrain des plus favorables, car je ne crois pas que jamais la cartomancie ait réuni plus d’adeptes à la fois que dans ce triste milieu.

Un jeu de cartes à la main, on ne voyait plus que groupes avides occupés de réussites. Incessamment on invoquait la destinée, dont les oracles, cependant peu variés, allaient toujours — comme on le pense — contre les plus simples notions du bon sens, ou n’étaient qu’une figuration grossière des faits acquis et journaliers. Ainsi les figures des cartes revêtaient au gré des