Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« À propos, reprit-il d’un ton paterne, vous avez écrit pour vos compagnes plusieurs lettres au colonel G…, ainsi qu’à moi. Je les ai là, toutes ; mais mon devoir m’oblige à vous dire que la plupart de ces femmes auxquelles vous servez de secrétaire sont d’une moralité fort douteuse.

Je l’interrompis.

« — Permettez, Monsieur, il ne m’appartient pas d’apprécier ici le caractère de ces femmes ni ce qu’elles ont été, et je ne vois pas bien en quoi les modestes services que j’ai pu leur rendre pourraient m’être imputés à crime. »

« Sans doute, madame, repartit doucement le capitaine, votre conduite n’a rien en soi de répréhensible d’autant plus que je vous sais assez d’honneur pour…

« De grâce, Monsieur, épargnez-moi toute comparaison défavorable à des compagnes malheureuses ; et puisque vous avez bien voulu m’assurer qu’un grand nombre d’entre elles n’avaient rien de grave à leur charge, employez-vous plutôt à rapprocher le jour de leur mise en liberté. Songez aux mères surtout, pour qui chaque heure passée ici est doublement douloureuse. »