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Un jour, le député de la circonscription d’Indre-et-Loire, où réside ma famille, voulut bien venir me voir ; j’en profitai pour l’édifier sur le régime et les rigueurs des Chantiers, et par la même occasion je le priai de hâter auprès des autorités militaires l’heure de notre mise en jugement, qu’on semblait par trop retarder. Il me le promit, et sans perdre de temps alla trouver le capitaine instructeur. Quelques heures après, celui-ci me fit mander à sa barre. Dès mon entrée il se leva, me salua, et plein de courtoisie daigna m’avancer lui-même un siége ; enfin (comble de civilité) me demanda la permission de rester couvert — à cause d’un rhume (compliqué de calvitie). — Après ces préliminaires, auxquels j’eus la naïveté d’être sensible, le capitaine m’annonça qu’il venait d’avoir la visite de M. H., le député qui s’intéressait à moi. — Je n’ai pas, me dit-il, votre dossier entre les mains pour le moment, mais je vous engage à vous bien tenir. L’intérêt que vous m’inspirez m’engage d’ailleurs à vous prévenir qu’on vous observe particulièrement. Veillez sur vous et sur vos paroles, et gardez-vous de rien faire qui puisse aggraver votre situation. »

Je crus devoir le remercier pour ces avis.