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durent s’en retourner à Paris, avec leur manne, fruit de privations supportées dans l’espoir qu’elles seraient un soulagement pour l’être aimé.

Nombre d’entre eux avaient dû faire la route à pied (25 kilomètres), par 35 degrés de chaleur ; leur temps était compté, et la plupart n’avaient que leur salaire pour vivre ! Cependant cela se renouvela plusieurs fois…

D’ordinaire, quand il ne pleuvait pas, on nous laissait descendre dans la cour le matin. Quand le soleil, devenu cuisant, y rendait le séjour intenable, on pouvait regagner le Grenier. Cette ascension déjà pénible pour beaucoup de femmes affaiblies, le directeur prenait parfois plaisir à la faire recommencer. Le prétexte, c’était une nouvelle constatation d’identité. Ainsi en haut, il nous fallait redescendre, puis remonter immédiatement, après défilé par devant MM. le lieutenant et le commissaire C., délégué de la prévôté, lesquels assis devant une table réinscrivaient pour la huitième fois peut-être, noms, prénoms, domiciles, etc.

Encouragé par l’exemple, le Frassani ajoutait ses idioties aux ridicules du supérieur. Jurant et sacrant, il obligeait les femmes à remonter le