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gnées sur nos grabats. Réduite à cette mesure, la punition était supportable, d’autant qu’elle ne pouvait durer, la salubrité du Grenier exigeant une aération quotidienne ; mais une méchanceté s’y joignit qui nous frappa doublement au cœur : on nous supprima les visites. Pour comprendre combien était dur cet arrêt, il faut savoir que les visites, outre la joie qu’elles nous procuraient, étaient le seul moyen que nous eussions d’améliorer un peu notre situation physique. Il est vrai qu’elles donnaient à nos proches l’occasion de juger par eux-mêmes cette situation qu’on nous faisait, et que par cette mesure à double tranchant, on les punissait eux-mêmes des indiscrétions qu’indubitablement ils avaient dû commettre.

Chargés de modestes provisions réunies à grand’peine, un père, un mari, une sœur, un fils attendaient à la porte l’heure de l’ouverture, étonnés d’un retard inusité, lorsqu’on leur apprit que pour deux jours tout le Grenier était aux arrêts. Ils demandèrent qu’au moins on voulut bien faire tenir aux prisonnières les provisions apportées.

La consigne fut implacable.

Nos pauvres amis, des larmes dans les yeux,