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Toutes les femmes ne sont pas des Louise Michel.

Elle dit que la lettre avait été portée au député par le neveu de madame R***, lequel était venu quelques jours avant voir sa tante. Cette dame alors dut payer pour deux, le directeur commença par lui supprimer les visites de ses proches, seule consolation qu’eussent les prisonnières. Appelée devant le capitaine-instructeur, et se doutant bien qu’on ne lui pardonnerait pas sa courageuse entremise, elle répondit d’une manière et sur un ton qui lui valurent à elle aussi, la correction, et plus tard la déportation dans une enceinte fortifiée.

Cependant madame R*** n’était qu’une bourgeoise de caractère et d’éducation, qui au début se sentait quelque peu froissée au contact de la vile multitude ; ce contact la heurtait et l’indignait. Pourtant il eut au moins un avantage pour elle : car il lui permit de se faire une exacte opinion de la valeur des vaincus gens de rien, et des vainqueurs gens de bien.

Il est à supposer en effet que la manière dont ceux-ci comprirent le bien à son égard a pu modifier en elle l’idée de justice et de bonté qu’elle s’était peut-être plu à voir incarnée en eux.