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« — Gendarmes, attachez-moi cette gredine au poteau, et ne l’en délivrez pas qu’elle n’ait avoué le nom de sa complice. »

Les gendarmes obéirent.

La malheureuse, étroitement garrottée, endura deux heures cette question d’un genre nouveau, pleurant de douleur ; mais n’avouant toujours pas.

La nuit survint. Comme la jeune femme persistait dans son mutisme, le directeur la fit conduire au cachot, cave suintant goutte à goutte l’humidité. Il pensait obtenir de la frayeur l’aveu qu’il n’avait pu tirer de la souffrance.

Mme V*** est frêle, d’une santé délicate, et d’ailleurs brisée par l’émotion. C’était peut-être la mort qu’une nuit à passer dans ce carcero glacial nommé la Correction. Toutefois elle s’y laissa conduire, croyant qu’on voulait seulement l’épouvanter et qu’on l’en tirerait bientôt. Mais une heure s’écoula sans que personne vînt. Seule dans l’obscurité, entre ces quatre murs, l’esprit encore rempli des meurtres de la semaine sanglante, elle eut peur, cria, cria tant qu’on la fit sortir.

Alors, elle avoua tout.