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Lui leur montrait la boîte vide, et, déçues, les malheureuses s’éloignaient en soupirant.

Un incident chaque jour renouvelé, montrait à quel point l’impatience des prisonnières était vive.

Parmi tant de noms divers il en était de plus ou moins lisibles. Le facteur avait beau doubler ses facultés visuelles il ne parvenait pas toujours à les déchiffrer, et cela prenait du temps ; or c’est à ce moment surtout qu’il n’en fallait point perdre. Une jeune détenue, grande fille intelligente, vint obvier à l’inconvénient. Se plaçant derrière le facteur qu’elle dominait de toute la tête, elle saisissait d’un coup d’oeil la suscription, la disait d’une voix claire, et la lettre attendue allait promptement à son adresse. Aussi dès ce jour l’agent des postes ne put hésiter une seconde, sans entendre crier de toutes parts : « Laissez lire à Georgette, elle connaît les noms ! » Voilà comment Georgette, qu’on avait surnommée le vaguemestre, devint lectrice en titre au Grenier de Versailles.

Si le tapage était grand à l’arrivée du facteur, le silence après son départ ne l’était pas moins ; c’est que toutes, recueillies, dévoraient littéralement le message reçu. Une nouvelle quelle