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vils, mais celui-ci l’était dans toute l’acception du mot[1].

Un beau visage, dit l’école antique, est le reflet d’une belle âme. Le beau, c’est le laid, réplique le romantisme. Et là-dessus force livres qui ne prouvent rien, tant ils ont voulu prouver. Il se peut qu’aux yeux de la nature, qui ne fait point d’exception, le laid ne soit qu’une réfraction des préjugés de l’homme sur ses pareils et tous les êtres qui l’entourent. Pour moi, je ne veux point décider qui de l’artiste amant des contours ou du penseur épris du fond, côtoie la vérité. Il est, je crois, des âmes droites sous de vilains masques, comme aussi de beaux visages cachant des âmes tortueuses ; toutefois, il semble que la sympathie, spontanément éprouvée pour quelqu’un doit dans une large mesure déterminer notre conduite envers lui.

Donc le Frassani était assez bien, jeune, et d’une taille au-dessus de la moyenne ; mais à l’expression de sa physionomie dure, devant son front déprimé, sous l’éclat métallique de son regard noir, on se sentait pris à la fois d’inquiétude et d’aversion. Plein de zèle, cauteleux de-

  1. Tout récemment condamné pour vol, à deux ans de prison.