Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mise, il n’avait que de vagues indices sur l’endroit où je pouvais être.

Les quinze minutes qu’on accordait aux prisonnières pour l’entrevue étant écoulées, le gendarme sous la surveillance de qui l’entretien avait lieu nous le fit charitablement remarquer. Mon mari me quitta en me disant que le lendemain j’aurais la visite de mon fils.

Le cœur serré, je retournai m’asseoir à ma place, et, la tête dans mes mains, je donnai libre cours à mes larmes. Combien cet homme si bon et si dévoué devait souffrir en s’en allant !

Encore, pensais-je, si l’on connaissait une limite à cette détention, un temps déterminé qui vînt au moins donner patience ; mais l’incertitude en prison ! Les criminels ont au moins la consolation relative d’apercevoir un terme à leurs maux ; pour ceux qu’un délit politique tient sous les verrous, la durée de la prévention dépend souvent non d’un arrêt de la justice, mais du bon plaisir de l’ennemi.

La nuit toutefois me fut plus calme, moins peuplée de rêves obsédants, et je dormis quelques heures d’un sommeil qui me rendit des forces.

Avec le jour reparut la navrante réalité. Je