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femme Hardouin. « Êtes-vous allé, lui dit-on, chez les commissaires de votre arrondissement ? » « Chez tous, avait-il répondu, et même à la Mairie. » « Et vous n’en avez eu aucune nouvelle ? » « Aucune. » Le fonctionnaire de la Préfecture s’étonna lui-même. Par une étrangeté bizarre, le mandat en vertu duquel on était venu m’arrêter émanait d’un commissaire, du 17e arrondissement, dont je ne dois pas relever, puisque j’habite le 18e.

Dois-je donc imputer à ce fonctionnaire seul tout l’odieux d’un acte discrétionnaire qui me privait de la liberté, et comme il ne me connaissait aucunement, croire qu’il se soit fait de son gré l’instrument de quelque haine cachée ? Ce serait possible, puisque les commissaires auxquels mon mari s’était adressé, n’avaient pas eu connaissance de l’arrestation et qu’à la Préfecture même on lui avait suggéré la crainte d’un enlèvement. Lui demandant si sa femme était belle et si elle avait des ennemis il répondit, en montrant mon fils : « C’est la mère de ce jeune homme, Monsieur ! »

Par une sorte de fatalité, le signataire de cet ordre fut précisément le seul chez lequel mon mari n’alla point ; et quand ma lettre lui fut re-