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d’une photographie ressemblante : nous aurons soin au cours du récit de l’offrir trait pour trait.

Là, — réédition fastidieuse de la rue Gauthey. de la place Wagram, du palais de l’Industrie, de l’Orangerie ; — après avoir pris nos noms, on nous relit les dossiers ; puis le commandant du Chantier dit : « Descendez au second étage, vous trouverez des paillasses et vous vous placerez où vous pourrez. »

En montant, j’avais pu jeter un coup d’œil dans le grenier qu’on nous destinait, car l’escalier, quasi-perpendiculaire, qui du rez-de-chaussée conduisait aux étages supérieurs, avait été pratiqué dans le plancher à la façon des trappes ouvertes.

Ce grenier, vaste dock poudreux, est à la fois la chambre à coucher, le cabinet de toilette, le salon, le réfectoire, la cuisine, l’atelier et le vestiaire d’un demi-millier d’êtres humains. Ces paillasses — nids de poussière et de vermine — pressées côte à côte, et qui semblaient n’en faire qu’une seule, immense, sont des lits pour femmes. Et sur ce vaste grabat, pendant que le crépuscule ramène à leurs hôtels, satisfaits, les législateurs du peuple, de pauvres mères, des épouses, des jeunes filles livrées en masse aux misères de